
Henry et Elise, 1918
Je vous imagine, vous, les Poilus vêtus de bleu,
Mêmes habits chaque jour, usés, boueux.
Sales et transis, avec pour toute chaleur
Des souvenirs de famille perdus dans la douleur.
Parmi vous, Henry, à peine dix-sept ans,
Élise attendait, l’encre au cœur, son cher absent.
Elle écrivait du bord de l'Hurtaut,
Pour glisser des mots doux dans un monde de maux.
Loin des siens, il patientait sous la pluie battante,
Les pieds dans la boue, l’âme vacillante.
Avec pour compagnons des rats et des ombres,
La faim et la soif, dans ces nuits sans nombre.
Les maladies guettaient, le froid vous rongeait,
Et dans vos yeux, la peur jamais ne s’éteignait.
Ces pages sombres de l’histoire n'offraient que la terreur,
Un espoir envolé, remplacé par l'horreur.
Elise espérait, dans chaque lettre envoyée,
Que son amour l'aiderait à résister,
À supporter les fièvres, le froid assassin,
À croire au retour malgré le funeste destin.
Mais le jour vint où elle reçut un message,
Henry ne rentra pas au village.
Élise en larmes, le cœur brisé,
Sans même une tombe pour pleurer.
Puis, les cloches ont sonné,
Et le silence mit fin au conflit.
Aujourd’hui, pour vous, mes pensées,
Chers Poilus, à jamais, merci.